Articles à télécharger
Critique de l’(évolutionnisme comme) animalisation de l’homme
L’évolutionnisme comporte une sociobiologie négatrice de l’anthropologie. En cherchant les déterminants naturels de toute action humaine et de tout fait social, le raisonnement biologiste appliqué au social déshistoricise et donc désymbolise le monde. La double naturalisation, de l’histoire humaine et des rapports sociaux, est une des principales caractéristiques de l’évolutionnisme que l’on tend souvent à oublier. A l’idée de mutation plus ou moins automatique des systèmes qui – néanmoins – s’amélioreraient avec le temps, l’évolutionnisme social ajoute celle, bien plus ancienne mais qui se découvre une nouvelle vigueur, d’animalisation des êtres humains. A l’échelle du temps long de l’histoire, il s’agit d’un renouveau car le darwinisme est venu apporter une caution scientifique à un procédé très ancien, aussi vieux que l’attestent les premières écritures mésopotamiennes et sans doute plus encore, consistant à bestialiser les êtres humains militairement et économiquement infériorisés. On pourrait rappeler également que le champ de l’ethnologie et celui de l’éthologie sont aujourd’hui considérés comme distincts – à la première discipline l’humain, à la seconde l’animal – mais qu’il n’en a pas toujours été ainsi.
Une forme de sacralisation de la nature: les mouvements de défense des animaux
Cet article tente d’éclairer une tendance historique lourde concernant, au premier chef et mis à part quelques notables exceptions, les pays les plus anciennement industrialisés : le retour de la sacralisation de la nature. Il traite ce thème sous l’angle partiel de l’indifférenciation animal - humain appuyée par l’argumentation scientifique ou celle des mouvements de défense des animaux. Les mouvements de défense des animaux ne sont pas seulement le fait du sentimentalisme individuel bourgeois qui valorise la sphère privée. Des scientifiques éthologistes, anthropo-paléontologues, écologues ou biologistes ont renforcé des présupposés nés en pleine période coloniale et d’expansion de l’évolutionnisme. Cette pression des « sciences de la nature et de la vie » sur les sciences de l’homme conduit à la même négation de la frontière animal / humain que celle des cercles de protection des animaux et la renforce en lui donnant un légitimité scientifique. Au delà du combat entre ceux qui considèrent l’animal comme inférieur et ceux qui prétendent le mettre sur le même plan que l’humain, existent – chez les deux mouvements adverses – des relations symboliques fortes manifestant toutes sortes d’amalgames. On le montrera à partir du cas, sans doute le plus sensible, de la corrida.
Actionnalisme institutionnaliste
Le regard rétrospectif, que la rédaction d’une demande d’habilitation incite à porter, sur un ensemble de textes (livres, rapports et articles écrits, pour certains, depuis une quinzaine d’années) peut s’attacher à discerner des thèmes ou problèmes, des champs, des approches, des perspectives théoriques, des méthodes ou procédés d’investigation. Je n’ai pu renoncer à aucun de ces différents modes d’intelligibilité, ni me résoudre à privilégier l’un ou l’autre, pour caractériser un parcours intellectuel et professionnel fait de voies empruntées puis abandonnées, de détours et de constantes. Pour introduire à la description de ce parcours, je distinguerai l’identité et le contenu. La première relève du contexte, que le parcours professionnel et le rapport à la connaissance induisent. Le second décrit le texte, le vif du propos, la substance proprement dite du travail effectué.
Une forme de sacralisation de la nature: les mouvements de défense des animaux
Cet article tente d'éclairer une tendance historique lourde concernant, au premier chef et mis à part quelques notables exceptions, les pays les plus anciennement industrialisés: le retour de la sacralisation de la nature. Il traite ce thème sous l'angle partiel de l'indifférenciation animal-humain appuyée par l'argumentation scientifique ou celle des mouvements de défense des animaux. Les mouvements de défense des animaux ne sont pas seulement le fait du sentimentalisme individuel bourgeois qui valorise la sphère privée. Des scientifiques éthologistes, anthropo-paléontologues, écologues ou biologistes ont renforcé des présupposés nés en pleine période coloniale et d'expansion de l'évolutionnisme. Cette pression des "sciences de la nature et de la vie" sur les sciences de l'homme conduit à la même négation de la frontière animal / humain que celle des cercles de protection des animaux et la renforce en lui donnant un légitimité scientifique. Au delà du combat entre ceux qui considèrent l'animal comme inférieur et ceux qui prétendent le mettre sur le même plan que l'humain, existent - chez les deux mouvements adverses - des relations symboliques fortes manifestant toutes sortes d'amalgames. On le montrera à partir du cas, sans doute le plus sensible, de la corrida.
Le temps et l'espace de la maison solaire
Dans cet article, les representations et attitudes des habitants de maisons solaires sont analysees a partir de leur perception du temps et de l'espace. Ces deux dimensions structurantes apparaissent comme les composantes essentielles de "l'habiter solaire" qui peut se caracteriser selon deux modalites. La premiere modalite se definit par la maitrise que ses occupants desirent exercer, a travers la maison solaire, sur leur environnement le plus proche, par la reappropriation d'un espace ouvert de sociabilite et par divers processus de suspension du temps. La seconde est caracterisee par la notion de symbiose; par son mode particulier d'insertion dans l'environnement (proche de celui du corps), la maison solaire dilue le dehors et le dedans pour constituer un espace syncretique et induit une asynchronie dans la juxtaposition des temporalites solaires-naturelles et des temporalites sociales. La maison solaire se pose comme contre-culture; elle unifie des comportements de repli defensif et d'engagement social et se veut, dans les deux cas, facteur de changement.
Lo que las fallas valencianas hacen a la sociedad y a los seres humanos (texte en espagnol)
Para los que piensan de modo estrechamente utilitarista, las fallas valencianas no sirven para nada y son un fenómeno local incomprensible por el tiempo y el dinero que cuestan. Para algunos sociólogos (incluso vuestro servidor) las fallas tienen un sentido no solamente local sino universal además de ser inmensamente importantes desde el punto de vista tan social como personal. Estos son los tres aspectos de la cuestion que me parecen los más relevantes y que quiero subrayar en este corto texto.
Existe-t-il une méthode spécifique à la « socio-anthropologie » ? Le cas des entretiens de longue durée
De plus en plus de textes revendiquent explicitement (1) ou implicitement (2) l’appartenance à ce qui ressemble plus à une sensibilité ou à une approche qu’à une véritable discipline originale ayant un champ propre au sein des SSH. C’est la volonté d’étudier les « mondes de la modernité » sans renoncer au regard et à la mémoire de l’anthropologie, en insistant surtout sur ce que le symbolique offre d’irremplaçable en matière de connaissance, qui caractérisent les auteurs tennant à former un nouveau paradigme ou qui se laissent complaisamment classer sur ce mode.
(1) Cette note critique s’appuie, de manière préférentielle sur quelques auteurs utilisant le terme et le revendiquant : Bouvier, Coenen-Huther, Le Breton, Rivière, (accessoirement Juan si une auto-critique partielle est envisageable, voir en particulier notre livre de 1995), plusieurs de ces auteurs ayant participé conjointement, avec d’autres, aux « Journées d’Etude de la Socio-anthropologie » les 24 et 25 septembre 2003, à la Sorbonne, journées qui accueillaient en particulier Abeles, Bouvier, Farrugia, Gras, Javeau, Juan, Le Breton, Rivière, Scardigli.
(2) Balandier (qui utilise le terme depuis les années 1970 et qui propose celui d’anthropologie de la modernité, de son côté, Cicourel parlait d’anthroposociologie fin des années soixante), en tout premier lieu est sans doute celui qui a le plus anciennement œuvré pour la SA mais beaucoup d’autres auteurs ont suivi ses pas. La vision la plus extensive de ce milieu consisterait à y inclure des corpus tels que ceux de l’anthropologie urbaine, de la vie quotidienne, de la santé, des organisations, des techniques, etc. mais aussi des travaux qui utilisent des techniques de recherche spécifiquement et radicalement SA, telles que les biographies ou les entretiens répétés d’une même personne,. A cet égard, des auteurs tels que Lahire, Coenen-Huther, Delcroix, Lavenu font l’objet d’une recension particulière (cf. infra).
Résumé problématisé des recherches réalisées depuis 1982-83
Depuis les recherches pour la thèse, qui portaient sur le mouvement écologiste [T1, A1, A2, P1] ou celles, plus récentes et ponctuelles, concernant indirectement ce thème mais plutôt liées à la thématique des risques [O5, A26, A37], et au regard de mes travaux passés, s’est manifestée une tension entre une modèle théorique qui n’a jamais été renié, l’actionnalisme, et une approche institutionnaliste qui ne nie pas la force de certains phénomènes sociaux comme facteurs explicatifs. Alors que l’actionnalisme privilégie l’approche compréhensive, j’ai plutôt privilégié l’explication dans mes travaux tout en soulignant les apories des sociologies niant l’action et les mouvements du social. En effet, le sociologue actionnaliste, tel que je le conçois, marche sur un difficile chemin de crête. Il est sans cesse menacé de glisser du côté de l’idéalisme, voire de l’individualisme méthodologique qui est une de ses variantes, ou d’un matérialisme devenu désuet au regard de l’histoire et dont les sociologies systémistes ou structuralistes – qui n’attribuent aucune épaisseur à l’action – sont la forme composite la plus affirmée. Contre le premier risque, le paradigme durkheimien (celui qui concerne aussi bien Marcel Mauss que Maurice Halbwachs ou Georges Gurvitch) est un solide garde-fou. Contre le second, le même paradigme, qui se prolonge chez Roger Bastide, Jean Duvignaud ou Georges Balandier, est tout aussi utile. Je considère donc que mes travaux se situent dans la lignée durkheimienne mais d’un durkheimisme revu et corrigé par l’actionnalisme. Mes travaux sont aussi l’inverse : un actionnalisme corrigé par un institutionnalisme critique, d’où le titre du document d’habilitation à diriger des recherches [T2]. Les derniers mots de ma thèse annonçaient un prolongement des recherches par le travail sur les modes de vie, principal enjeu culturel de ce qui était nommé, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les « nouveaux mouvements sociaux ».
Sociologie de la vie quotidienne et des activités ordinaires
La sociologie de la vie quotidienne consiste à analyser la consommation et la sociabilité, tant pour expliquer les pratiques mettant les personnes face au système d’offre de marchandises ou de services publics (consommation de biens, usages d’équipements) que pour comprendre les conduites d’interaction entre personnes (sociabilité amicale, familiale, associative, de voisinage, de trafic, etc.). La manière de la consommation et la sociabilité des personnes s’articulent, ce qui les explique dans ce qu’elles sont à une époque donnée ou dans leur évolution, est finalement l’objet central d’une socio-anthropologie du quotidien.